Documents administratifs, associatifs, politiques, journal municipal de la ville de Toulouse, et même romans grâce à sa maison d’édition… L’atelier de transcription en Facile à lire et à comprendre (Falc) de l’Esat Òsea diversifie son activité et contribue ainsi à rendre les personnes en situation de handicap pleinement actrices de la société.
Ce que David Massias aime dans son travail au sein de l’atelier FALC de l’Esat Òsea ? « Faire des recherches pour bien retranscrire le message et aider toutes les personnes qui ont du mal à lire. » Des personnes en situation de handicap bien sûr, mais pas seulement car l’enjeu du Facile à lire et à comprendre est universel. Il vise à rendre accessible l’information à tous : des personnes dont le français n’est pas la langue maternelle, des personnes sourdes, des personnes âgées et même des enfants…
L’association s’intéresse au sujet depuis plusieurs années. En 2016, elle a doté tous ses établissements d’un référent FALC puis a entrepris de transcrire son règlement intérieur, les comptes-rendus des conseils de la vie sociale et des assemblées générales (y compris le budget !), tout comme le journal interne.
En mars 2018, l’Esat de l’Apei Périgueux met en place un atelier dédié au FALC. « Nous avons mené une enquête et réalisé des tests auprès des 240 travailleurs de l’Esat pour déterminer leur niveau de lecture. Une majorité d’entre eux parvenait à déchiffrer le texte mais pas toujours à en comprendre le sens. Cela nous a conforté dans notre projet », poursuit son directeur. Neuf travailleurs se portent alors volontaires pour intégrer cette nouvelle activité qui bénéficie de la marque Qualité FALC, une certification délivrée par l’Unapei l’été dernier. Parmi les premiers clients de l’atelier figurent des associations, la caisse d’allocations familiales, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), mais aussi des députés européens souhaitant transcrire leurs professions de foi, la mairie de Périgueux et, depuis peu, celle de Toulouse.
L’atelier vient de transcrire l’intégralité d’un bulletin municipal de la Ville rose. Une première ! « Le plus délicat a été de traduire les tribunes d’expression politique. Nous nous sommes demandés si c’était vraiment nécessaire car ces textes-là sont assez virulents. Or, le principe du FALC est de ne pas prendre parti et de rester neutre », souligne Virginie Estève, responsable de l’atelier. David, qui a transcrit cette partie-là, confirme : « Il y avait des phrases compliquées. On n’était pas toujours sûr de bien comprendre, on leur a posé des questions. » Au final, les différents groupes politiques ont validé leur texte sans difficulté. Preuve du réel savoir-faire de l’Esat à rendre accessible un texte sensible sans en déformer le sens.
Qu’elles que soient les suites données à cette expérimentation, celle-ci permet de diversifier encore un peu plus les activités de l’atelier. Elle démontre aussi la confiance accordée au savoir-faire développé par les six transcripteurs de l’Esat. L’équipe travaille également dans le domaine de la littérature. L’établissement a en effet été le premier (et le seul pour le moment) à avoir créé une maison d’édition en FALC. Six ouvrages sont à ce jour disponibles. « Nous participons à des salons littéraires et démarchons des bibliothèques pour faire connaître ces publications auprès des personnes en situation de handicap, des personnes âgées ou des demandeurs d’asile », indique Christophe Delezie.
Les livres figurent ainsi dans les rayonnages de plusieurs bibliothèques locales. L’association a également organisé des lectures à voix haute dans les bibliothèques en ayant recours à une comédienne professionnelle. Pour 2021, elle espère rouvrir une bibliothèque de village, fermée par manque de bénévoles. « Nous aimerions faire intervenir un travailleur d’Esat, précise Christophe Delezie. Ce serait aussi une manière de faire revivre un village grâce à la culture. Sur ce plan aussi, nous pouvons peut-être nous montrer utile. »