Le Louvre Lens se convertit au FALC
Depuis un an, des professionnels du musée travaillent avec un groupe de personnes accompagnées par l’APEI Lens et environs à l’élaboration d’un guide de visite en FALC qui sera finalisé d’ici la fin de l’année.
Désireuses de s’ouvrir à tous les publics, les institutions culturelles et muséales ont pris conscience qu’un langage simple et adapté s’avère indispensable pour faciliter l’appréhension des œuvres d’art et leur compréhension. Le Louvre-Lens s’est engagé dans cette démarche il y a un an en partenariat avec l’Apei Lens et environs. Depuis 2010, l’association a formé au Facile à lire et à comprendre (FALC) un groupe de personnes handicapées et des professionnels issus de ses différents établissements et services. Le projet avec le Louvre-Lens, initié en septembre 2017, a pour objectif la conception d’un guide de visite permettant d’apprécier et de décoder les chefs-d’œuvre de la Galerie du Temps.
Au fil de réunions mensuelles, qui réunissent au siège de l’Apei, les membres de la commission FALC, des parents ainsi que les responsables de la médiation au musée – soit une vingtaine de personnes au total – ont été examinés, testés et validés les commentaires qui accompagneront 9 œuvres présentées dans le guide de visite du musée. Lors de la dernière séance de travail, en septembre dernier, quatre nouveaux commentaires d’œuvres transposés en FALC ont été discutés. « Il faut trouver l’expression la plus simple, gommant tout obstacle de langage, pour ne livrer que l’essentiel », explique Stéphanie Vergnaud, médiatrice culturelle au musée. L’époque de la création de l’œuvre est pointée d’une flèche rouge sur un graphique égrenant les siècles. Elle est complétée par une évocation plus concrète et parlante : l’âge de l’œuvre à son arrivée au musée. Une carte localise par ailleurs sa provenance.
Selon les règles du FALC, on préfèrera répéter plusieurs fois un même mot plutôt que d’user de synonymes qui viendraient compliquer le message et en brouiller la compréhension pour le public ciblé. Dans la forme, tout détail pouvant nuire à la lisibilité ou à la clarté d’une fiche est écarté. Les polices de caractères s’affranchissent de leurs empattements, la mise en page est composée sur un fond neutre, etc.
Pour le Louvre-Lens comme pour l’Apei, l’expérience est fructueuse. Elle permet au musée de cerner au cas par cas les besoins spécifiques du public handicapé. Cette démarche n’est possible qu’en s’appuyant sur la collaboration active et autonome du public en situation de handicap, en lien avec le tissu associatif et les professionnels de la médiation.
Pour Arnaud Debève, chargé au Louvre Lens du développement des partenariats, l’initiative possède une portée humaniste : « C’est une façon de penser la culture, non comme un accessoire mais comme un levier d’inclusion sociale. D’ailleurs, le FALC révèle tout autant son utilité auprès de personnes en situation de handicap que du jeune public ou de nouveaux arrivants maîtrisant mal le français. Dans une certaine mesure, il permet aussi de lutter contre l’illettrisme. Son application participe donc d’une éthique, d’une ouverture et d’un respect de l’autre. » Ainsi, par une réflexion et une action concertée, l’institution et l’association ont suscité de nouvelles habitudes favorisant la visite des collections permanentes, des expositions temporaires, de même que l’initiation aux pratiques artistiques. Pour Arnaud Debève, le plus frappant, c’est la manière dont visiteurs et encadrants se sont appropriés le musée. « On les voit venir et revenir et, très vite, se sentir complètement à l’aise avec ce lieu devenu leur outil, un sésame, synonyme d’ouverture, de découverte et d’échange. Leur implication est impressionnante. Ils font plus qu’accompagner nos projets culturels : ils les incarnent ». Dans cet esprit, l’institution entend s’ouvrir à toutes les différences. Gommant les barrières culturelles, psychologiques et linguistiques en transmettant avec la plus grande simplicité les clés de compréhension et de connaissance, le futur guide de visite de Louvre-Lens est un pas de plus dans l’autonomie et l’inclusion.